Pour comprendre le mal-être et l’épuisement professionnel (burn-out), il faut d’abord saisir le concept opposé : le bien-être professionnel. Cet état dépasse une simple mode passagère. Il sert d’indicateur de la santé globale de votre organisation. Il englobe la dimension physique et psychologique de l’employé.
Qu’est-ce que le bien-être au travail ? Définitions contrastées
Le bien-être est un état complexe. La page Wikipédia dédiée le définit comme un ensemble de facteurs englobant « la santé, la réussite sociale et économique, le plaisir, la réalisation de soi, l’harmonie avec soi-même et avec les autres. »
Si l’on se penche sur le Larousse, deux définitions s’opposent de manière frappante :
- L’état interne : « État agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l’esprit. »
- L’aisance matérielle : « Aisance matérielle qui permet une existence agréable. »
Cette dichotomie révèle une tension majeure. Elle oppose la nécessité d’un équilibre intérieur (un ressenti) au rôle, parfois surprenant, de l’environnement matériel et économique dans la perception du bien-être.
L’impératif du bonheur et l’happycratie
Notre époque est marquée par ce que l’on appelle l’« impératif de bonheur ». Dans leur ouvrage Happycratie (2018), Eva Illouz et Edgar Cabanas décrivent comment le bonheur est devenu une quête sociale obligatoire et, surtout, un marché florissant.
Cette « marchandisation du bonheur » englobe des secteurs variés, allant du développement personnel à la psychologie positive, et influence profondément le domaine du bien-être au travail.
Dans cette logique, la responsabilité individuelle est accentuée. L’individu est incité à voir le bonheur comme une affaire personnelle et à prendre en charge son propre bien-être émotionnel, souvent au détriment d’une remise en question des structures externes. Une culture de positivité superficielle prévaut, mettant l’accent sur la pensée positive à tout prix.
Ce que le bien-être au travail n’est PAS
Il est fondamental de critiquer l’approche réductrice qui limite le bien-être professionnel à des actions superficielles et purement cosmétiques.
Le bien-être au travail ne se réduit pas à :
- La mise à disposition d’infrastructures sportives ou de salles de sieste.
- Des séances de massage ou de yoga ponctuelles.
- Des conseils diététiques ou des corbeilles de fruits.
Ces initiatives, bien qu’agréables, ne constituent qu’une mince couche de vernis. Elles ne traitent jamais les causes profondes du mal-être.
La nécessité d’une approche structurelle
Les experts, notamment l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), insistent sur la nécessité d’une approche structurelle et organisationnelle.
Atteindre un bien-être durable exige d’agir sur les facteurs qui impactent réellement les risques psychosociaux (RPS), tels que la charge de travail, l’autonomie, les relations interpersonnelles, et le management. Cela passe par :
- L’écoute active et l’implication des salariés dans la définition de leur travail.
- L’ajustement des objectifs et des moyens.
- La lutte contre le harcèlement et les injustices.
En conclusion, le bien-être au travail est bien plus qu’une simple satisfaction des besoins physiques et mentaux. Il repose sur une perception personnelle et collective des conditions professionnelles réelles. Il ne peut être atteint de manière durable par des actions superficielles, mais nécessite une approche structurelle, organisationnelle et une prise en compte systémique des facteurs psychosociaux. C’est en agissant sur les racines que l’on bâtit une résilience durable.




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